lundi 14 février 2011

Jean François Copé sur la TVA anti-délocalisation





Depuis l’an 2000, 12% de nos emplois industriels ont été détruits, soit plus de 500 000 postes supprimés ! Certains adoptent la politique de l’autruche et nient cette réalité. D’autres, nombreux dans la majorité, à commencer par le Président de la République, pensent qu’on ne peut rester les bras croisés face à la désindustrialisation de la France. Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de fatalité face aux délocalisations. Notre devoir est de se battre pour que, demain, il y ait toujours des industries, des usines et des ouvriers dans notre pays. Cette conviction ne relève pas d’un attachement nostalgique au « folklore » des usines –cheminées etc.- mais du réalisme économique : moins d’industries, c’est moins de richesses et surtout moins d’emplois. Il n’y a que des micro-états comme Dubaï ou Singapour qui peuvent se permettre d’avoir une économie intégralement dématérialisée.

Il n’y a pas de fatalité aux délocalisations parce que nos voisins européens - aux fondamentaux économiques proches des nôtres - ne subissent pas la même désindustrialisation : l’industrie ne représente plus que 16% de la valeur ajoutée en France contre 23% en Italie ou 30% en Allemagne. C’est la preuve que les industries des pays développés peuvent parfaitement résister à la concurrence des pays émergents.

Il n’y a pas de fatalité aux délocalisations parce que nous connaissons parfaitement la cause majeure de la mort à petit feu de notre industrie : le coût trop élevé du travail. Dans l’industrie manufacturière, le coût d’une heure de travail s’élève à 37,41 euros en France contre 33,37 euros en Allemagne. L’équation est claire pour les investisseurs : pourquoi vouloir conserver une usine en France alors que produire en Allemagne coûte 4 euros moins cher par heure travaillée ?

Pourquoi ce coût du travail est-il plus élevé ? Pour deux raisons. D’une part, le boulet des 35 heures a été un choc de compétitivité pour nos usines (ce n’est pas une coïncidence si l’emploi industriel a commencé à décliner brusquement à partir des années 2000-2001, date d’entrée en vigueur des 35 heures). La réflexion sur les 35 heures, c’est un débat que l’UMP a déjà ouvert et qui doit aller à son terme. D’autre part, parce que le financement de notre protection sociale repose beaucoup trop sur le travail ! Les cotisations de sécurité sociale à la charge de l’employeur dans l’industrie manufacturière sont de plus de 9,5 € par heure en France contre moins de 7,5€ par heure en Allemagne… Mon idée est donc de transférer une partie des charges sociales vers la TVA ou la CSG. Cela a un triple avantage : faire baisser le coût du travail pour les employeurs ; avoir un impact positif sur la feuille de paye des salariés ; faire payer une partie de notre protection sociale par les produits qui viennent de l’étranger, qui sont assujettis à la TVA comme les produits français.


Je connais les critiques : il serait injuste de répercuter une partie du poids du financement de la sécurité sociale sur tous les consommateurs. Au contraire, la protection sociale profite à tous, pas uniquement aux travailleurs, il est donc logique d’élargir son financement. Augmenter la TVA serait dangereux pour le pouvoir d’achat et la consommation, premier moteur de la croissance dans notre pays. Il faut dédramatiser : il ne s’agit pas de relever la TVA de 4 ou 5 points ! Un point de TVA supplémentaire permettrait de baisser les charges de 8 milliards € et nereprésenterait qu’une hausse de moins de 1euro pour un caddie de 100€ !

L’enjeu de la désindustrialisation est trop important pour que nous nous interdisions d’évoquer toutes les pistes –comme la TVA anti-délocalisation - qui pourraient nous permettre de juguler ce phénomène. Il en va de l’avenir de milliers d’emploi industriels. 

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